Natural Glitch n°9

Les photographies de Thomas Cheneseau sont à la fois l’instantané de notre regard et celui de notre société de l’anthropocène d’une nature domestiquée par l’homme. De naturelle, la nature est aujourd’hui totalement artificielle. Devenue paysage hybride, elle est à la fois regard et miroir avec la Machine en interface. Car Natural Glitch nous propose de révéler le % humain de toute mécanique face à la reproduction (ou à sa programmation) de réalité : sa marge d’erreur. Car le degré d’incertitude, le pépin (glitch), l’erreur, le grain de sable que Thomas Cheneseau insuffle dans les somptueux paysages de sa série Natural Glitch, marche moins sur les traces des Glitch artistes que sur celui du peintre de paysage, témoin d’un temps où le naturel, l’esprit de la nature, prend les armes, camoufle sa vraie nature pour une contre-attaque de l’illusion. Comme le monstre, fauve caméléon de la jungle du film « Predator » (John Mc Tierman 1987), comme les anamorphoses secrètes de la Renaissance ou les peintures d’Arcimboldo ou du Douanier Rousseau… les images de Cheneseau nous donnent une nouvelle interprétation de ce que nous croyions avoir vu. L’illusion, l’utopie d’un paysage à renaitre. Paradis attendu d’une dystopie prédatrice en marche.

(Jean-Jacques Gay, 2018)

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