Supermajor

Les structures perceptives du cerveau humain nous permettent de voir le monde qui nous entoure de manière stable, même si l’information sensorielle qui comprend cette réalité peut être incomplète et changer rapidement. Ces structures perceptives sont facilement manipulables. La vérité n’est pas toujours celle que l’on voit. Dans Supermajor une pile de vieilles canettes de pétrole est posée au sol. Une canette percée, située quelque part au milieu de la pile, provoque une fuite. Le pétrole sort ainsi formant un jette solide et donnant vie à une sorte de cascade jusqu’à la base de la sculpture ; une flaque marron dorée prend forme. Cependant, si on regarde avec attention, on découvre que le pétrole ne provient pas de la canette. En effet, son cheminement est à l’envers. Goutte après goutte il remonte vers le haut en défiant la gravité. Quelques gouttes semblent planer dans l’air. Dans ce retour à la source, la montée du pétrole vers le haut se poursuit sans interruption comme si ni les réserves des canettes ni la flaque ne pouvait jamais être épuisées. Supermajor matérialise la perception commune que le pétrole, tout comme d’autres ressources naturelles, soit inépuisable. Cette perception erronée si répandue nonobstant les preuves scientifiques prouvant le contraire, est renforcée par les moyens que nous avons d’interagir avec les combustibles fossiles, à savoir sous forme de produits de consommation. Ces biens sont livrés dans leurs emballages sans aucune réelle conscience des questions environnementales et des effectives capacités globales. Avec Supermajor l’incrédulité suspendue semble être la meilleure défense contre l’assimilation cognitive dont le taux de rafraichissement continu nous fait oublié le macabre de notre réalité quotidienne. Supermajor y échappe subtilement.

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