La pièce Tvestroy débute sur une narration intrigante : « This is the voice of Vrillon, a representative of the Ashtar Galactic Command speaking to you». Cette introduction inquiétante, dans laquelle un texte défile au centre des écrans, accompagné d’une voix synthétique, évoque l’un des rares piratages en 1977 d’une chaîne de télévision du Royaume-Uni par une « intelligence extraterrestre ». Le commandant Vrillon semonce les humains d’une mise en garde d’invasion imminente. C’est leur dernière chance de se débarrasser de leurs armes de destruction et de cesser de suivre des faux prophètes, qui volent leur énergie, à savoir, selon Vrillon, l’argent. Cette intrusion médiatique est suivie d’un écran de code-barres, image typique et iconique des pannes techniques au temps de la télévision analogique NTSC. L’image se pixélise pour ensuite se transformer en une composition rythmée de formes géométriques hypnotisantes qui s’animent et se succèdent, suggérant la prise des ondes par une intelligence d’outre-monde. Présentée sur triple écran ainsi qu’à partir d’une série de téléviseurs à tubes cathodiques, Tvestroy expérimente les liens entre la matière visuelle et sonore dans leur radicalité potentielle. Générés depuis la même source, le son et l’image ne sont pas seulement synchronisés l’un avec l’autre mais émergent simultanément : le son est l’image. Hypnotique et entêtante, cette œuvre « optoélectrooacoustique » plonge l’observateur dans un environnement d’abstractions géométriques et de rythmiques déstructurées, loin des compromis.
L’oeuvre a été realisée en collaboration avec Danny Perreault.