Le travail de Félicie d’Estienne d’Orves, mêlant vidéo, sculptures et projections, interroge le processus de la vision et le conditionnement du regard. Ses installations font appel à une connaissance phénoménale du temps et de l’espace, souligne une perception du temps dans un mouvement continu. La série Cosmos vise à interroger la connaissance mythique et instinctive qu’induisent les manifestations naturelles de la lumière. Après la formation de la matière dans la sculpture Ovale (2008), le recouvrement apparent d’un astre par un autre dans Eclipse I (2009), avec Eclipse II (Centre d’art de Saint-Riquier, 2012), elle fait éprouver le jeu des positions relatives de l’observateur, d’une source de lumière et d’un disque éclipsant. Une telle inscription dans l’espace de l’alignement d’ombres et de lumières évoque les limites de la perception humaine et des événements qui nous relient à des espaces temps étrangers. Les vidéos de l’artiste donnent à percevoir des rotations cycliques et progressives, le déroulement d’états lumineux hypnotiques au caractère introspectif. Comme dans Supernova, une oeuvre mettant en scène l’explosion tridimensionnelle d’une étoile (Musique de L. Dailleau – BIAN Montréal) ainsi que Gong, une projection de lumières stroboscopiques sur un dome blanc ponctuées d’impressions rétiniennes (Musique de F. Nogray – Expérience Pommery #9). En collaboration avec des musiciens issus de la scène expérimentale, son travail sur la perception s’enrichit de la composante sonore dans le cadre d’installations ou de concerts. Elle met en scène une sculpture lors le Festival Novelum en 2012 pour une diffusion de la Légende d’Eer de Iannis Xenakis interprétée par Thierry Besche (GMEA). Ou encore en 2014 elle crée une sculpture monumentale motorisée pour une performance (Satori). Intimement lièes à l’espace, ses installations se définissent en fonction des lieux. Sa performance Monolithe présentée dans l’église Saint-Roch (Nuit Blanche de Paris 2008) utilise les perceptions kinesthésiques et le conditionnement du corps induit par le rapport à l’architecture. En 2012, Félicie d’Estienne d’Orves réalise, pour le centre d’art Watermans et la mairie de Londres, une sculpture cinétique en extérieur, Geometry, qui projette des lignes de laser reliant le sol à l’espace nocturne par des croisements géométriques. Depuis 2014, elle concentre sa recherche sur l’espace astrophysique et sur des cycles de lumière naturelle (Rayon vert, 2015, Méditahèque de la Marine, Colombes ; EXO, Nuit Blanche de Paris). En 2015, elle commence une collaboration avec le télescope à neutrinos Antarès situé dans la baie de Toulon. L’artiste prépare également un projet de Land Art d’installations éphémères de lasers dans le désert d’Atacama au Chili