Exposé pour la première fois à Paris, l’artiste autrichien, Erwin Redl inverse le traditionnel rapport entre virtuel et réel. Au cœur des 400 m2 de la Fondation EDF, il crée une œuvre immersive composée de milliers de LED programmables de couleur bleu et rouge, qui traduisent les états émotionnels que traverse le visiteur, invité littéralement à pénétrer et expérimenter cet univers numérique et sensoriel.
Avec cette installation qui s’inscrit dans la série MATRIX (Etats-Unis, Autriche, Italie, Allemagne, Corée du sud…) Erwin Redl traduit dans l’espace physique le langage esthétique abstrait de la réalité virtuelle et de la modélisation 3D, structurant un environnement architectural installations lumineuses monumentales.
Originaire d’Autriche, Erwin Redl s’établit aux États-Unis en 1993, et vit à Bowling Green, Ohio, et New York City. Son travail découle d’un mélange de pensée conceptuelle-structurale et d’une maîtrise totale des médias traditionnels aussi bien qu’électroniques. La taille de ses installations atteint très souvent des proportions quasi architecturales. Son travail fut exposé lors de la Whitney Biennial de 2002 sous la forme d’une grille de lumières LED recouvrant toute la façade du musée. En 2017, son immense installation lumineuse « Whiteout » occupait une place de premier plan au Madison Square Park au cœur de Manhattan. L’œuvre incorporait des centaines de sphères blanches en suspension, chacune d’entre elles munie d’une ampoule LED programmable de façon à former un tapis blanc lumineux sur toute la pelouse centrale du parc.
Light matters est une installation lumineuse immersive menant à une expérience totale. Les visiteurs pénètrent dans un labyrinthe de lumières LED réparties sur deux étages et dont les tons varient lentement entre le rouge et le bleu. Ces deux couleurs délimitent le spectre chromatique visible ainsi que celui des émotions humaines. Le rouge représente l’extrême de la sensualité et le bleu son contrepoint froid et rationnel. L’expérience esthétique immersive alliée aux aspects technologiques particulièrement sophistiqués brouille la frontière entre réel et virtuel.
Avec la dimension architecturale de l’œuvre, toute personne simplement «présente» devient un véritable élément de celle-ci en faisant partie intégrante de l’installation. Erwin Redl joue ainsi entre la matière et la lumière, le réel et le virtuel, questionnant la place du corps et de ses sensations dans leur rapport à l’œuvre d’art et à l’univers du numérique. Dans cette nouvelle «matrice », l’espace est alors perçu comme une seconde peau, la peau sociale qui enveloppe chacun des visiteurs lors de cette expérience physique déroutante. Un monde virtuel où la disparition du corps dans l’œuvre interroge la disparition de la matière et de soi et jusqu’à la disparition de l’humain, de l’histoire, de l’espace et du temps.