Jusqu’au 26 juillet 2018, le MUDAC de Lausanne s’intéresse à l’univers des armes à feu avec l’exposition « Ligne de mire » en l’observant par le prisme du design et de la création contemporaine.
Première exposition du genre en Suisse, elle questionne de manière critique et ciblée les relations paradoxales que nous entretenons avec ces objets ambigus, aussi fascinants que répulsifs, pulsionnels que meurtriers.
Dans la conception même des armes à feu, le rôle du designer est central et la fonctionnalité du design bien particulière. Une arme est en effet avant tout un moyen au service d’une fin : elle a pour objectif de neutraliser le plus efficacement possible, et se doit d’être fiable, compacte, légère, ergonomique, durable, parfois esthétique, et de plus en plus, intelligente. Au cours de nos recherches de plus de deux années, la question du design létal s’est heurtée au mutisme de l’industrie de l’armement : au-delà du secret lié aux nouvelles technologies, communiquer sur les développements de la fonctionnalité d’une arme à feu ne semble pas acceptable pour les producteurs. Et de manière plus générale, évoquer la relation entre design et violence reste souvent tabou. D’autres contextes sont plus porteurs en termes de communication : des enjeux tels que l’écologie, les interactions sociales ou encore la gestion du Big Data sont en effet plus faciles à valoriser que, par exemple, le développement d’une arme dotée d’une intelligence artificielle, capable à l’aide d’un système de reconnaissance faciale de trouver sa cible et décider en toute autonomie de tirer.
L’exposition s’articule en plusieurs secteurs dont les titres de chapitre se réfèrent spécifiquement au champ lexical des armes, allant de la réappropriation du mythique AK-47 (Kalachnikov) par les designers et artistes à des travaux qui recyclent les différents éléments constitutifs des armes à feu de manière inattendue, spectaculaire et engagée. Jouant sur la matière, les formes ou encore les genres, ligne de mire propose d’engager une réflexion approfondie sur ce fait sociétal majeur et complexe.
Artistes : Michel Aubry, Mircea Cantor, Kyle Cassidy, Yi-Fei Chen, Johanna Dahm, ECAL/Ecole cantonale d’art de Lausanne, Al Farrow, Sylvie Fleury, Parastou Forouhar, Susan Graham, Clara Ianni, An-Sofie Kesteleyn, Herlinde Koelbl, Claire Lieberman, Robert Longo, Gonçalo Mabunda, Raul Martinez, Jennifer Meridian, PostlerFerguson, Ted Noten, Mary O’Malley, Mai-Thu Perret, The Propeller Group, Antonio Riello, Edwin Sanchez, Lisa Sartorio, Philippe Starck, Sharif Waked, Brigitte Zieger, Ralph Ziman
Plus d’informations ici
Couverture : Lisa Sartorio, “L’écrit de l’histoire, M14-Ebr”, 2015
Photo 1: Al Farrow, Mausoleum II (After Mausoleum of the Samanids, Bukhara, Uzbekistan), 2008. Courtesy of the artist and the Catharine Clark Gallery, San Francisco © Jock McDonald
Photo 2: The Propeller Group,The AK47 vs The M16, 2015. Courtesy of The Propeller Group and James Cohan