Né en 1945 aux États-Unis, Ed Hardy est une figure tutélaire du tatouage. Son parcours, son œuvre et son engagement pour le médium en font l’un des noms historiques du tatouage moderne et contemporain.
Il s’intéresse très jeune au tatouage : à 10 ans déjà, fasciné par une pièce vue sur un proche de la famille, il se rend au studio du légendaire Bert Grimm afin de le regarder travailler. De retour chez lui, il ouvre son propre « studio de tatouage » et reproduit au crayon sur ses amis les flashes les plus emblématiques de son premier maître. Même s’il apprendra au final à tatouer tout seul à l’aide d’une aiguille de couture, il délaisse alors le tatouage, son jeune âge représentant un trop grand obstacle.
Devenu étudiant en art, Ed Hardy se passionne pour l’art contemporain, la culture et la littérature beat, mais aussi la culture hot rod et la culture surf. C’est en 1966, aux Beaux-Arts de San Francisco, qu’il renoue avec sa première passion à l’occasion d’un exposé sur le tatouage en tant « qu’art populaire oublié ». Peu de temps après il fait la rencontre de Phil Sparrow – son tattoo shop est alors, dans les années 1960, le premier à présenter sur ses murs des œuvres et images d’art, dans une ambiance s’apparentant plus à celle d’une galerie. Ce dernier tentera tout d’abord de le décourager, avant de lui prodiguer son premier enseignement professionnel.
Ed Hardy poursuit ensuite sa formation auprès de Zeke Owens et Doc Webb, puis rencontre en 1969 le célèbre Sailor Jerry, qui l’invitera à travailler à ses côtés dans son studio de Honolulu. Le passage chez Sailor Jerry – maître incontesté au caractère fort, figure messagère historique de la communauté tatouage et de ses échanges entre Orient et Occident, et fervent activiste de la défense du tatouage comme art – sera fondateur. Après un séjour en 1972 au Japon, invité par Oguri Horihide, Ed Hardy ouvre son premier shop, Realistic Tattoo, en 1974 à San Francisco : sans aucun flash au mur, il travaille avec une clientèle recherchant un tatouage « unique » et ne reçoit que sur rendez-vous – une pratique alors unique aux États-Unis. Son style célèbre la maîtrise du tatouage japonais traditionnel et sa rencontre avec l’iconographie américaine old school.
Ed Hardy figure parmi la poignée d’artistes historiques ayant relié, via une réflexion intellectuelle, la spécificité du tatouage en tant que folk art et art outsider, au domaine du « grand » art – il révolutionne, à ce titre, le tatouage occidental. En 1977, il ouvre Tattoo City avec Bob Roberts, se lie d’amitié avec Leo Zulueta avec qui il intronise le new tribalism, qui aura un impact considérable sur le tatouage moderne. Devenu une référence internationale, il organise en 1982 la convention historique Tattoo Expo’82, la première financée de façon privée par les studios, et crée la même année le non moins historique magazine Tattootime, qui sera publié jusqu’en 1991.
Depuis une dizaine d’années, Don Ed Hardy se consacre à sa peinture, continuant de mener sa réflexion sur les liens profonds existant entre histoire de l’art et art du tatouage. La profonde compréhension, irriguant sa peinture, de l’esprit pur du tatouage confère à son œuvre une dimension intemporelle, magique, à la croisée précise et unique de deux histoires artistiques.
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